samedi 10 mai 2014

Le potager dans la navette


Faim d'apesanteur
Ce blog n'a pas donné beaucoup de place à la cuisine. J'ai bien publié quelques recettes mais il y a plus à dire. Que mangera-t-on dans les navettes spatiales en partance pour Mars ? Qu'est-ce qui saute et apporte la bonne fortune ? Le pain peut-il tomber du ciel ? Comment cuisiner une molécule ? Qu'est-ce donc que ce gravitropisme pour lequel se passionnent les centres spatiaux de la planète ? On commence par le défi que relevèrent quelques chefs.

Ravitailllement en primeurs
à bord de l'ISS
Sachant que vous disposez de riz, oignon, tomate fraîche, soja, pomme de terre, laitue, épinards, blé ainsi que de condiments (sel, poivre, herbes aromatiques, etc.) auxquels vous pouvez ajouter un légume de votre choix, composer un minimum de 10 plats variés, délicieux et faciles à réaliser. Un nouveau jeu de télé-réalité ? Du tout. Il s'agit de la requête formulée par l'Agence Spatiale Européenne, en prévision des vols habités vers Mars. Quantité, qualité, variété et plaisir sont les impératifs de l'alimentation des cosmonautes. Un vrai casse-tête compte-tenu des caractéristiques de ce voyage-là.


Cultures extraterrestres
Les premiers vols habités vers Mars sont prévus pour 2030. En choisissant l'itinéraire et la configuration planétaire les plus favorables, l'aller simple durera 185 jours et le séjour sur le riant sol martien environ 2 ans (le temps que la position respective des deux planètes permette de reprendre l'itinéraire de l'aller). Un total de 900 jours à vivre en autarcie. Aucune forme de ravitaillement ne sera possible. Les produits frais seront vite épuisés. Alors, ces tomates fraîches et ces laitues ?  Cueillies dans le potager de la navette. 

Kubik, la serre de
 
l'espace, crédit ESA
Qu'ont en commun l'irlandais Limerick Institute of Technology, le Space Life Science Lab de Floride, ou encore le Groupe de recherche en physiologie végétale de l'Université Catholique de Louvain ? On y travaille à mettre au point une technique de culture en milieu fermé, destinée à être reproduite à bord des navettes spatiales. Parmi les difficultés liées à cet environnement (thermiques, surface, exposition à la lumière...) celles inhérentes à la micro-pesanteur dominent. La capacité à puiser l'eau, l'orientation des racines et des feuilles sont conditionnées par la gravité. C'est le gravitropisme. Etudier ses mécanismes c'est imaginer des palliatifs suffisamment efficaces pour permettre la croissance végétale en milieu extraterrestre. 

Colza made in ISS,
crédit Université de Nancy
Les chercheurs préparent des semis d'un genre un peu spécial (voir photo ci-dessus) lesquels s'envolent avec l'ISS où divers traitements leur sont appliqués. En mission, les astronautes pratiquent donc une forme inédite de jardinage : ils centrifugent leurs plans de colza ou de pommes de terre, à différents stades de la croissance des graines. De retour sur Terre, le contenu des boîtes est analysé. Sur le cliché 1, on voit qu'après 40 heures en microgravité, les racines sont en piètre état ; le même temps en centrifugeuse (procédé hélas coûteux) donne de meilleurs résultats.


Sources : http://www.esa.int/esaKIDSfr/SEM2GK1DU8E_LifeinSpace_0.html
https://www.uclouvain.be/310897.html
http://www.cnes.fr/web/CNES-fr/9403-st-2009-on-comprend-mieux-la-perception-de-la-gravite-par-les-plantes.php

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