jeudi 22 mai 2014

Ils l'ont fait en apesanteur : mourir


La pionnière, crédits RKK
Ce billet a une genèse. Un jour où je méditais sur l'apesanteur, je me suis demandé comment un oiseau s'y prendrait pour voler. Si la recherche entreprise ne m'a pas donné la réponse, elle m'a par contre longuement informée sur le rôle joué par les animaux dans la conquête de l'espace. Pendant près de 15 ans, ils furent les seuls passagers de l'espace : on ignorait à l'époque si l'homme survivrait à une mise en orbite et aux effets de l'impesanteur. Le 3 novembre 1957, le Spoutnik 2 est lancé pour un premier vol culminant à 1660 km d'altitude. A bord, la petite chienne Laïka.


Timbre commémoratif
pour Belka et Stelka
Si elle survécut à peine 7 heures, épuisée par l'affolement et la surchauffe de l'engin spatial, ce laps de temps parut suffisant pour envisager la mise en orbite d'un astronaute cette fois humain : ce fut Youri Gagarine. Précédé d'un essai enfin réussi (en août 1960, deux chiennes partirent et revinrent sur terre saines et sauves), le jeune Russe embarqua à son tour, le 12 avril 1961. 108 minutes en orbite et un retour en héros pour ce voyageur de l'espace dont les chances de succès n'excédaient pas le très mitigé un sur deux.


1959, Sam, à bord du vol Mercury,
crédits NASA
Revenons aux bêtes. Elles furent nombreuses à embarquer seules afin de tester ce que l'homme maîtrisait mal. Les Russes privilégiaient l'emploi de chiens. Deux restèrent dans l'espace 23 jours et revinrent sans un poil mais vivants. Les Américains préféraient travailler avec des singes, dont un macaque (en 1948) qui survécut au vol suborbital mais pas à l'atterrissage. Il y eut des mouches, des poissons, des fourmis, des souris, des grenouilles, des lapins. Et des pois sauteurs.


Timbre à la mémoire de...
Néanmoins, dans cette ménagerie spatiale, personne n'avait pensé inclure les chats jusqu'à ce que les Français manifestent l'ardent désir de se démarquer. L'entraînement de ceux qui devaient devenir les premiers félins de l'espace fut ubuesque. En octobre 1963, Félicette fut assez bonne pour se prêter à cette comédie improbable. L'histoire est ingrate : des timbres qui célèbrent sa mémoire, aucun n'est français et tous sont à l'effigie de Félix, ce co-équipier sien qui eut le bon sens de fuguer à la veille de leur mission.


Laïka, crédit photo :
Alexander Chernov
Ceci était pour sourire. Mais l'histoire des animaux dans la conquête spatiale met, à vrai dire, mal à l'aise. Je vous passe les détails de ce qu'était, dans les années 50, l'entraînement nécessaire pour préparer les animaux aux conditions de vol. Sans doute étaient-elles aussi pénibles pour les hommes mais eux étaient consentants et animés de motivations scientifiques ou nationalistes. La vie d'une Laïka valait peu (n'en sommes-nous pas toujours là ?) mais lire les traitements qu'elle et ses pairs durent subir des mois durant, révolte et afflige : ils furent martyrisés.


Sources : http://www.ladepeche.fr/article/2007/11/02/146577-50-ans-laika-ouvrait-conquete-espace.html
http://www.parismatch.com/Actu/International/Les-animaux-nos-freres-de-l-espace-161917
http://fr.ria.ru/photolents/20121103/196510455.html (diaporama)
http://fr.wikipedia.org/wiki/La%C3%AFka (une fois n'est pas coutume, je recommande la lecture des paragraphes entraînement et réactions, réellement instructifs)

2 commentaires:

  1. Honnêtement, moi qui me crois assez distanciée par rapport à la cause animale, lire le détail de l'entraînement de Laïka m'a abattue.

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