vendredi 23 mai 2014

La mort, pourvoyeuse d'apesanteur



Le Charme de l'au-delà, 
Gilbert Garcin, 2012
Nous voici parvenus à ce qui sera le dernier volet de ce blog : la relation entre l'apesanteur et la mort. D'un billet à l'autre, les deux notions se sont frôlées à maintes reprises (le sommeil, le rêve, le voyage astral) et les commentaires laissés ont souvent souligné l'analogie tant elle s'imposait. J'ai retardé le moment d'obscurcir l'apesanteur, explorant longuement ses côtés radieux. Au bout du compte, j'aurai gardé la fin... pour la fin.


Achille tente de saisir
l'ombre de Patrocle,
 
Henry Fuseli, 1803
Mes étudiants s'étonnent qu'il faille parfois mentionner les évidences. Je considère que toute démonstration s'appuie sur le socle de l'acquis. Fidèle à mes principes, je rappellerai donc ici que l'apesanteur n'existe pas sur terre, qu'envols, sauts et autres la simulent, que l'euphorie, la légèreté, la dextérité la métaphorisent mais que, faits de chair et de sang, nous n'avons d'immatériel que nos pensées, nos sentiments. nos rêves, soit notre esprit. Et notre âme, ajouteront ceux qui croient à son existence et donc à son immortalité. Nous y voilà. Pour certains, la mort anéantit tout. Pour les croyants (toutes obédiences confondues), la survivance de notre être tient à l'âme, évidemment immatérielle. La mort ne nous efface plus, elle nous désincarne. Nous voici divorcés de la vie terrestre donc du poids, apesants, insaisissables, envolés.


Illustration anonyme
pour le voyage astral
Quelles que soient nos convictions en la matière, la représentation de la mort comme séparation du corps et de l'âme est si prégnante que toute image associant d'un côté un corps allongé et inerte, de l'autre une forme éthérée ou ailée impose de soi l'idée du trépas. L'iconographie occidentale a figé ce dédoublement matière/esprit en synonyme de la mort. J'en avais été frappée au moment d'illustrer les billets sur le corps astral ou le rêve, ayant écarté beaucoup d'images où prédominait la connotation mortuaire. La mythologie nous avait fort honnêtement prévenus (voir billet du 31 janvier) : Hypnos et Thanatos sont frères jumeaux.


Voici cinq tableaux qui ont en commun de mêler les deux représentations. Le sommeil est un entre-deux, espace ambigu où rêve et mort entrelacent.


Le Rêve, Pierre Puvis de Chavannes, 1883


George Frederick Watts, Endymion, 1903


Le Rêve, Frida Khalo, 1940

2 commentaires:

  1. "Le songe de Jacob" c'est aussi l'Échelle de Jacob, qui se réfère au rêve du patriarche fuyant son frère Ésaü, représentant une échelle montant vers le ciel.
    Il faut voir le film du même titre de Adrian Lyne…

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  2. C'est bien ça : on monte au ciel, séjour des dieux, des anges et des défunts. Merci pour la référence cinématographique.

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