dimanche 27 avril 2014

Spencer Tunick signe un nu sur l'eau


Mer Morte, 2011
Que ceux qui ne connaîtraient pas le travail de Spencer Tunick veuillent bien prendre quelques secondes pour regarder l'image ci-contre. Ces traits verticaux sont-ils le motif d'une toile abstraite ? Serait-ce plutôt l'agrandissement d'une partition ? Des plantes aquatiques ? Libre à chacun d'enchanter son imaginaire, mais sachez tout de même que Spencer Tunick ne photographie que des corps humains nus. 

 Stade Ernst Happle, à Vienne, 2008
Depuis plus de 20 ans, l'artiste américain dénude hommes et femmes dans la ville (les prises de vue sur la Mer Morte étaient une première). De photo en photo, de petits groupes en foules (ses installations mobilisent des milliers de figurants), Tunick confronte la nudité à l'espace urbain, interrogeant la place qu'y occupe l'homme, tour à tour gracieux, puissant, perdu ou dérisoire.


A Mexico, 2007
Dans ce travail, le plus beau est -à mes yeux- la façon qu'a Spencer Tunick d'utiliser les corps nus comme un peintre sa palette. Il joue sur les nuances de peau et de cheveux jusqu'à les fondre en de vastes aplats. Que le paysage ainsi tracé soit vallonné ou accidenté, la scène cascadante ou inerte, chaque corps s'inscrit dans l'image comme un coup de pinceau sur la toile d'un impressionniste, un pixel sur le tirage d'un photographe. Tunick atteint l'abstrait à travers des compositions où la moindre touche est un figurant. L'homme, tour à tour gracieux, puissant ou dérisoire, disais-je. Chez Tunick, l'homme est avant tout pictural.

La photo qui justifie ce billet a été prise à Amsterdam. Invité par la ville, Tunick y réalisa plusieurs installations et ce cliché qui est un peu différent. Les figurantes (ici toutes des dames) sont peu nombreuses et bien distinctes : leur nudité est ornementale et rappelle les statues qui décorent les ponts. Installées sur des supports (que leurs jambes dissimulent), elles sont disposées en arc, au-dessus des eaux, en plein centre historique de la ville.

Voici les Loreleï, fières filles et fées du Rhin

Très court reportage sur les prises de vue faites sur le canal. J'aime beaucoup
 l'inhabituel "Please, please, don't smile !"



Sources : http://www.kickandblog.com/409-spencer-tunick-reunit-2000-personnes-nues-a-amsterdam/
https://www.youtube.com/watch?v=zUqcOOK73Jw

4 commentaires:

  1. à Montréal, on avait traité de "tout nus" les participants allongés sur le sol, devant le Musée d'Art Contemporain…

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  2. Les tout nus, les "en pelotas", les à oilpé, les fesses à l'air, les en costumes d'Eve et d'Adam, les désapés, les nus comme un ver, les cul nu, les in naturalibus... vaste est le lexique. Ca le donne presque envie d'en faire un billet

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  3. Amusante la vidéo du making of a Amsterdam. C'est vrai que l'utilisation des corps est différente pour l'image du pont, du coup ça perd en intérêt et en force je trouve, c'est trop illustratif. J'aime beaucoup celle de Vienne que je n'avais jamais vue.

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  4. J'aime bien celle de Vienne aussi ;-)
    Thomas

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