lundi 28 avril 2014

Le naturisme ou quand être nu rend léger


Un petit mot laissé par Diane, suite au billet Spencer Tunick, me fait rebondir sur le vocabulaire de la nudité et voilà que ma fibre de blogueuse me met au défi d'en faire de l'apesanteur. Chiche? Chiche. Détour préalable par les dictionnaires de synonymes et d'argot pour potasser le champ lexical concerné, avant de cogiter les rapports entre la nudité et le sentiment de légèreté. Prêts pour l'effeuillage ?

Illustration trouvée sur 
un site de naturisme
Dire la nudité est soit nommer la matière qui nous habille (être à poil, avoir ses cheveux pour vêtement, installer sa bidoche), soit comparer avec ce qui est toujours nu (comme un ver, comme une fleur, comme la main), soit faire référence à l'état d'avant le péché originel (tenue d'Eve, d'Adam, comme notre premier père) ou à l'état de nature (être habillé en sauvage, in naturalibus). Ces deux derniers points se rejoignent : la civilisation va les fesses couvertes, par opposition à la nudité qui est naturelle. Dieu n'avait pas raisonné autrement en peuplant l'Eden. L'autre nom du nudisme est d'ailleurs le naturisme. L'image ci-contre reprend la représentation de la chute, sur un mode un poil décalé : Adam tient aussi une pomme et les parties génitales sont plus ornées que voilées par les brins de vigne.


Communauté hippie,
origine inconnue
Quant à la question de être nu rend-il léger, tournons-nous vers l'héritage culturel et idéologique considérable que nous ont transmis les mouvements hippies des années 60 et 70. Le naturisme y côtoyait le rejet de la société de consommation, le retour vers Mère Nature, de vagues inspirations païennes, le nomadisme, la liberté sexuelle, la vie en communauté... Nous sommes en plein utopisme social : la recherche d'une société idéale, panthéiste, affranchie des interdits de la vieille morale, faisant reculer les tabous. Les vêtements sont, comme les modèles des générations antérieures, autant d'oripeaux dont il est bon de se défaire. Pour les Flower children, liberté et légèreté passaient entre autres par le droit à la nudité. Qu'il soit occasionnel (le bon carré de pelouse, la petite crique isolée) ou systématique (camp 

La Cour suprême de Nouvelle-Zélande a annulé, début décembre 2012, la condamnation pour comportement offensant d'un joggeur naturiste.
En Nouvelle-Zélande, joggeurs et joggeuses 
 ont le droit de courir nus dans les forêts
de vacances où tout se fait à oilpé) et militant, le naturisme est et reste un phénomène occidental. Pratiqué en bord de mer et dans les espaces verts, il existe aussi en version urbaine, contrariée (à San Francisco, une loi interdit désormais aux citoyens d'être nus en ville) ou acceptée, comme dans les pays nordiques ou en Angleterre où faire du vélo en tenue d'Adam est sinon commun du moins admis.


Et, dans chacun de nous,  cette envie jamais complètement éteinte de goûter à l'état de nature. Assortie du plaisir d'une petite transgression ? 

La scène du bain de minuit de Marilyn,
Something's got to give part, 1962


Sources : http://www.languefrancaise.net/bob/syno.php?id=614&synonyme=nu
Nudisme urbain à San Francisco : http://next.liberation.fr/sexe/2012/11/20/san-francisco-interdit-le-nudisme-de-rue_861877
Jogging naturiste en Nouvelle-Zélande : http://www.francetvinfo.fr/monde/asie/en-nouvelle-zelande-vous-pouvez-courir-nu-dans-la-foret_179777.html

5 commentaires:

  1. je t'envoie une photo d'Adam et Ève bien nus…

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  2. ...Et ça m'a encouragée à faire le billet qui suit : l'incommodante nudité biblique. Merci !

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  3. Il me revient le souvenir de mon arrière grande tante Camille qui me voyant sortir de la maison les cheveux sur le dos, me dit (schocking!) "mais ma chérie, tu sors en cheveu!" Et oui je sortais NUE (en tous les cas cela s'apparentait pour elle à un état de nudité tout à fait inconvenant et répréhensible) c'est à dire sans chapeau ou foulard.
    Nudité, nudité, c'est tout à fait relatif...

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  4. En prépa, la phrase "una mujer a pelo", dans un texte espagnol à traduire, nous avait tous bloqués. Aucune mujer à poil n'était concevable dans ce paragraphe décrivant le quotidien de l'Espagne franquiste. Que no, que no : la mujer était en cheveux. La confusion fait sens.

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  5. C'est le naturiste que j'aime vue que je l'ai vécu et je continue à vivre nu partout et tout le temps

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