dimanche 6 avril 2014

Debussy, mouvance et fluidité


Jean Cocteau,
Faune, 1961
Avec le poème symphonique Prélude à l'après-midi d'un faune (1894), Debussy signe un chef-d'oeuvre et pose le premier jalon de la musique moderne. Le compositeur s'est expliqué sur ses intentions : «Ce sont [...] des décors successifs à travers lesquels se meuvent les désirs et les rêves d'un faune dans la chaleur de cet après-midi. [...] il se laisse aller au soleil enivrant, rempli de songes.» Désir, rêves, laisser-aller, songes qui traversent l'espace musical (le sens de décors, ici)... Vous avez dit impressions ? 


Claude Monet, Une allée du
jardin de Monet
, 1901
Vous pouvez aller jusqu'à impressionnisme. Le mouvement est né dix ans plus tôt, sous l'impulsion d'artistes pour qui la peinture doit restituer la vérité immédiate de la lumière et de l’atmosphère : peindre vrai devient rendre compte de l’émotion première, des perceptions y compris celles qui échappent aux yeux. Séduit, Debussy ouvre la voix à l'impressionnisme musical. S'inspirant du poème éponyme de Stéphane Mallarmé, il compose un commentaire musical infiniment libre et subtil, une sorte de rêve orchestral peuplé de péripéties aux couleurs sans cesse changeantes. Si la section des cordes reste traditionnelle (violons, altos, violoncelles et contrebasses), Debussy donne les solos aux instruments à vent (flûtes, hautbois, cors, clarinettes, bassons) et  adjoint aux harpes deux crotales, cymbales antiques. 


Tête de femme coiffée de
cornes de bélier,

Jean Léon Gérôme, 1853
Avant de vous laisser au plaisir d'écouter (10 minutes de grâce musicale, enivrante et sensuelle ; les pressés se limiteront à l'introduction, extatique), voici l'extrait d'un texte de Pierre Boulez. «C'est avec la flûte du faune que commence une respiration nouvelle de l'art musical [...] L'emploi des timbres y est essentiellement nouveau, d'une délicatesse et d'une sûreté de touche tout à fait exceptionnelles ; [...] les bois et les cuivres y trouvent une légèreté de main et une sûreté d'emploi telles qu'on peut parler d'un miracle d'équilibre et de clarté sonore. Cette partition possède un pouvoir de jeunesse qui n'est pas encore épuisé.» (Encyclopédie de la Musique, éditions Fasquelle, 1958.)



L'orchestre symphonique de la radio de Stuttgart, 
direction de Georges Prêtre


Sources : http://www2.cndp.fr/secondaire/bacmusique/faune/fauneImp.htm 
http://patachonf.free.fr/musique/debussy/index.php 
https://www.youtube.com/watch?v=ZVlyXh87b1g
http://lunettesrouges.blog.lemonde.fr/2008/03/11/une-belle-rousse-avec-des-cornes-de-belier/ (si le portrait de la femme coiffée de cornes vous intrigue ou vous séduit)

2 commentaires:

  1. c'est avec plaisir que j'ai écouté "L'après-midi d'un faune", l'opus de Debussy que je préfère.

    RépondreSupprimer
  2. et dirigé par G.Prêtre: le meilleur choix. Un chef aérien aux allures d'ange.

    RépondreSupprimer