jeudi 13 mars 2014

Envolez qui vous voulez


Dreaming of Flying, Paula Chang, 2010
Etre aux commandes de Photoshop c'est être en mesure de modifier à peu près tous les éléments d'une image numérique. A condition de savoir faire. N'y connaissant presque rien, je consacre un billet à cet outil. Paula Chang, auteure de la photo ci-contre, a publié sur son blog la façon de s'immortaliser en plein vol. Mais avant de partager cet instructif making of ...

Photoshop fait objet, par les créatifs de 
Bates 141, agence publicitaire indonésienne
Photoshop, logiciel de retouche, traitement et dessin assisté, existe depuis 1990, date à laquelle Adobe en acheta la licence à son inventeur, un étudiant du nom de Thomas Knoll. D'un prix élevé, le logiciel est originellement destiné aux infographistes professionnels. L'évolution de Photoshop est, à certains égards, bien curieuse : d'un côté, son utilisation est devenue incontournable dans les studios et agences de création et

Chocolate Trailpar le collectif
 japonais NAM, 2012
apprendre à le manipuler figure au programme d'écoles aussi prestigieuses que les instituts des Beaux-Arts. De l'autre, les amateurs se sont à leur tour emparés de Photoshop (utilisant parfois des versions piratées) alors que les photographes parvenus à un certain niveau de notoriété s'emploient à le bouder, fût-ce au prix parfois élevé d'installations complexes. J'en veux pour exemple cette série d'images autour de la dégustation de chocolat : tout y flotte grâce à d'innombrables fils que les artistes du collectif NAM ont même eu la coquetterie (j'ai pensé très fort le dandysme) de ne pas effacer. Comme si le recours, devenu systématique, au traitement numérique enlevait à l'art photographique ses lettres de noblesse. Revenons à Paula Chang, notre envolée en robe jaune, qui -elle- pratique Photoshop avec la joie d'en tirer des images créant une illusion à peu près parfaite. 

"I tried all kinds of stupid things..."
Ayant découvert dans la zone industrielle de San Francisco le mur gris qu'elle cherchait pour fond, Paula partit équipée outre son matériel photo, d'une échelle, de coussins, d'une chaise et autres accessoires de fortune. Ses premiers essais sont assez drôles. Elle renonce très vite à se photographier en mouvement et cherche une position stable, calant

The good one
ventre et pied à l'aide d'une caisse en bois et de l'échelle. Il restait ensuite à baisser puis rejeter la tête en arrière pour obtenir le mouvement des cheveux. Et appuyer sur le déclencheur de l'appareil, au creux de sa main droite. Il a fallu à Paula de nombreuses prises et -de son propre aveu- un énorme coup de chance, pour obtenir le cliché reproduit ci-contre : le seul à s'être révélé exploitable. Le traitement informatique a d'abord consisté, comme on le voit, à effacer les objets support, rectifier les points d'impact (elle a dû se greffer un autre pied droit) et la cambrure du cou et de la taille. Elle a ensuite élaboré la composition : devait-elle s'envoler, atterrir et se situer à quelle hauteur ? Son dernier travail fut sur les couleurs, avivant le gris, rééquilibrant pour rendre l'éclat de sa peau, avant d'éteindre un peu le jaune de la robe. In fine, un filtre a été appliqué à l'image afin de la patiner. Un petit travail tout de même, et joliment fait. Cela n'empêche pas Paula Chang de nous inviter à aller voir le travail de Miss Aniela dont le travail, précise-t-elle, ne doit rien à Photoshop : et c'est reparti !

Les différentes figures possibles de vol


Sources : Wikipédia pour Photoshop
http://www.quitecurious.com/dreaming-of-flying/
http://www.maxitendance.com/2012/04/chocolate-trail-nam-macarons-chocolats-apesanteur.html (les autres photos de la série et une vidéo du making of)
http://www.flickr.com/photos/ndybisz/sets/72157607765596396/ (pour voir les photographies de Miss Aniela)

4 commentaires:

  1. quel gaspillage ! j'engloutirais bien ces traînées de chocolat pour me barbouiller un peu le foie…

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  2. On fonde le contre-collectif MIAM quand tu veux. Et on fait toutes nos performances sponsorisées par Lindt.

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  3. La photographe Sam Taylor Wood, que je t'avais indiqué dans un de mes premiers commentaires, utilise, elle, des systèmes de cordages qui supportent le modèle en "lévitation". Les cordes sont ensuite effacées numériquement.

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