jeudi 6 mars 2014

Avec de la colle, des ciseaux. Et du talent.


Jerry Uelsmann, sans titre,1969
Historiquement, la réalisation des premiers photomontages remonte à 1850 mais c'est à partir des années 20 que le procédé devient un moyen d'expression artistique à part entière, sous l'impulsion des mouvements constructiviste, dadaïste puis surréaliste.  Un photomontage est l'assemblage d'éléments photographiques disparates en  vue de composer une nouvelle image. A la différence des collages qui mettent en avant l'aspect hétéroclite de l'objet élaboré, le photomontage vise à produire une image uniforme : les traces de coupures et les raccords sont autant que possible gommés et l'image créée est à son tour photographiée afin de produire une continuité visuelle. Il s'agit moins d'un souci de réalisme que du désir  de créer un nouvel ordre visuel. 

Molinier, Je rampe vers Gehamman , 1965
Le très sulfureux Pierre Molinier, peintre bordelais (1900-1976) se consacra au photomontage à partir des années 60. Cette technique lui permit de donner libre cours à ses fantasmes, en particulier à son obsession fétichiste de la jambe. Photographiant, coupant et assemblant à l'envie accessoires (guêpières, loups, bas, têtes de poupées...) et bouts de corps, il fit de nombreux autoportraits travesti. Son travail inspira les artistes du Body Art.


B. Klintch, 1ier mai à Moscou, 1936
Le photomontage a entretenu une relation étroite avec la politique. Le régime soviétique, en particulier, a agrémenté sa propagande de photos modifiées idéalisant ses dirigeants et célébrant leurs succès. Parallèlement, le procédé servit à dénoncer les idéologies fascistes. Mentionnons entre autre John Heartfield, peintre et militant communiste, qui fit et publia de nombreux photomontages pour dénoncer les intentions d'Hitler et la folie meurtrière qui l'animait. 


Voici une oeuvre tout à fait singulière : celle que Grete Stern (1904-1999), dessinatrice et photographe allemande, produisit à la fin des années 40. Installée à Buenos-Aires où elle avait suivi son mari, elle se voit proposer par la revue argentine Idilio d'illustrer par photomontage les récits de rêves publiés dans la rubrique El Psicoanálisis la ayudará. De 1948 à 52, Stern réalise près de 150 images. J'en choisis quatre présentant une analogie avec l'apesanteur. Le reportage vidéo du billet attenant en montre de plus saisissantes. 


Rêve n° 31


Rêve 42


Rêve n° 45


Sans titre connu


Sources :  http://artspla.mariemauron.fr/?page_id=1014
http://www.universalis.fr/encyclopedie/pierre-molinier/
http://www.argentinaindependent.com/the-arts/art/on-now-grete-sterns-dreams/

1 commentaire: