Gravure, auteur et date inconnus |
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Et quel rapport y aurait-il entre cet homme libre et l'apesanteur ? J'y viens... Né en 1619, Savinien devint écrivain après une carrière militaire où il fut, à deux reprises, gravement blessé. Son œuvre la plus éminente est L'Autre monde, composé de Histoire comique des Estats et empires de la Lune et Histoire comique des Estats et empires du Soleil. Ces deux récits de voyages fictifs sont ingénieusement basés sur les connaissances scientifiques de Savinien : les méthodes de voyage spatial qu'il décrit reflètent la philosophie matérialiste dont il était adepte. Ci-dessous, un passage des Etats et empires de la Lune. L'ouvrage fut écrit autour de 1753, soit 32 ans avant qu'Isaac Newton ne démontre la loi universelle de la gravité. Mais Savinien Cyrano connaissait son Copernic sur le bout des doigts. "Quand j’eus percé selon le calcul que j’ai fait depuis beaucoup plus des trois quarts du chemin qui sépare la terre d’avec la lune, je me vis tout d’un coup choir les pieds en haut
Copie manuscrite de L’Autre Monde |
[oui, dans l’espace, on choit], sans avoir culbuté en aucune façon. Je connus bien à la vérité que je ne retombais pas vers notre monde car je me trouvais entre deux lunes, et j’étais assuré que la plus grande était notre globe. Cela me fit imaginer que je baissais vers la lune, et je me confirmai dans cette opinion, quand je vins à me souvenir que je n’avais commencé de choir qu’après les trois quarts du chemin. Car, disais-je en moi-même, cette masse étant moindre que la nôtre, il faut que la sphère de son activité [soit l'attraction lunaire] soit aussi moins étendue [tout juste : 6 fois moins] et que par conséquent j’aie senti plus tard la force de son centre. Enfin, après avoir été fort longtemps à tomber, le plus loin dont je me souviens, c’est que je me trouvai sous un arbre embarrassé avec trois ou quatre branches assez grosses que j’avais éclatées par ma chute, et le visage mouillé d’une pomme qui s’était écachée contre."
De Henriot, illustration pour le Larousse |
Bon, je fais le commentaire tout de suite avant qu'un(e) petit(e) futé(e) ne le fasse à ma place... Comme disait ce bon Epicure, pour vivre heureux vivons écachés !
RépondreSupprimerles Marocain-es le disent aussi… ou du moins le font derrière le moucharabieh…
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