lundi 9 décembre 2013

Chapeau melon et semelles de vent ou les petits hommes de Folon


Générique de fermeture des
programmes
Nous avons parlé de sauts et de chutes, d'élévation et de flottements. Abordons l'envol. Et qui, mieux que Folon, a su changer les hommes en oiseaux ?  Folon est entré chez les Français, comme Robial le fit quelques années plus tard, par la fenêtre magique du petit écran. La chaîne Antenne 2 lui avait successivement commandé le générique d'Italiques, un programme littéraire (dès 1971) puis le jingle d'ouverture et fermeture de la chaîne, diffusé entre 1975 et 1983. Huit ans donc à côtoyer, soir après 
soir, l'art de Folon et ses bonshommes bleus s'envolant "sur une cantilène pour hautbois et orchestre" précise Wikipédia. Retrouver ces animations me transporte 40 ans en arrière. Outre l'effet madeleine de Proust, constater combien ces images ont vieilli me remplit de mélancolie. Tous les sites consacrés à Folon reprennent le même texte (j'en ignore la source) : Il se distingue dans le domaine de l'illustration par un style [...] caractérisé par de larges dégradés à l'aquarelle et l'utilisation récurrente de personnages au contour volontairement schématique, à l'expression égarée, errant en apesanteur dans de vastes paysages dénudés ou au contraire dans des espaces urbains oppressants et énigmatiques. Il est juste que dans les dessins de Folon, on évolue peu sur terre. Ceux de ses personnages qui sont restés au sol y peinent douloureusement. C'est le cas du gros homme d'Italiques qui lutte contre le vent et regard, incrédule, l'homme-papillon aux ailes de papier (les pages d'un livre) que le même vent fait si gracieusement tournoyer. 



Folon fut le chantre de l'envol : il en fit toutes ses représentations possibles. Démonstration :

Oiseaux

.
Tableau ornant la Chapelle des Pénitents Blancs, 
Saint-Paul de Vence


Homme hirondelle

Libre, aquarelle non datée


Hommes moineaux

Générique d'ouverture Antenne 2


Funambule

Sans titre, circa 1985, dansFolon, 20 ans d’affiches


Chez Folon, l'homme n'est pas heureux sur terre. Faute d'ailes, il s'élève en pensée.

La vue, 1970 


Estampe non titrée, 1979


A moins qu'il ne tente de gagner le ciel à bout d'échelle.


Cette dernère image de Folon gardera son mystère : impossible d'en apprendre plus sur elle.


Source : http://www.gemmagioielli.com/db/schedaArtista.php?lang=fr&id_artista=3


3 commentaires:

  1. Débat philosophique : l'apesanteur est-elle morbide ?
    Je revois avec curiosité ce générique d'antenne 2 que je suis en âge, moi aussi, d'avoir vu et revu dans mon enfance. Pour me souvenir assez bien des images - Folon a marqué par son style singulier -, j'avais oublié la proposition musicale.
    Je surfe sur Internet pour retrouver l'animation d'Italiques, et les deux versions du générique, celui d'ouverture, celui de clôture des programmes.
    Première constatation : cela parle d'une époque où on avait le temps et où la télécommande n'existait pas. Aujourd'hui, des génériques aussi languissants seraient tout à fait impossibles, au risque de voir tout ses auditeurs passer sur une autre chaîne.
    Deuxième constatation : c'est horriblement triste. Et ce n'est pas moi qui le dit. Je lis les commentaires postés sur Youtube par les internautes. "C'est triste", "une musique à se couper les veines", "déprimant", "générique d'extinction"... L'impression semble partagée. Certains précisent que l'auteur de la musique, Michel Colombier, avait écrit cette mélodie en hommage à son enfant mort à l'âge de cinq ans. C'est dire...
    J'imagine aujourd'hui la scène : "Tiens, pour le générique de ta chaîne, j'ai une bonne idée, une chanson écrite pour un enfant mort, ce serait bien, non ?".
    Du coup je survole (c'est le cas de le dire) le blog de l'apesanteur. Des suicides, des anges, des Icares... Je me demande, puisque la pesanteur est un poids terriblement humain, si la pesanteur ne nous emmenerait pas forcément du côté des esprits, des fantômes, des morts ?...

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    1. Voilà qui indique une autre pisre. Pesanteur = corps humain bien chaud / apesanteur = âme frissonnante et blême. Et Diane qui aurait préféré que je poste un extrait du Requiem... Bon, je prépare le post sur la messe des morts en apesanteur (ça va finir par des fantômes) ... et, en attendant, je nous concocte un joyeux délire à base de moustaches (si, si : les poils volent aussi.) Que ceux qui connaissent Jim Shaw lèvent le doigt!

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  2. Triste, le générique de Folon ? A l'époque moi j'adorai cette musique, à présent je la comparerais à l'adagio d'un concerto pour hautbois de Vivaldi. Je me souviens d'un copain de mon frère qui avait lâché "C'est bête !" en le voyant et moi de penser "Abruti !!"
    L'être humain est une chose compliquée : moi qui par tempérament dans la musique classique adore les tambours, les trompettes, les cors et leur entrain vacarmesque à faire se lever les morts au point de m'en concocter des compilations entières que j'écoute en m'occupant de modèles de broderie j'ai acheté toutes les compositions pour hautbois de Vivaldi parues chez Naïve d'abord pour leurs mouvements lents...

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