dimanche 9 février 2014

Une belle lévitant nue dans son drap


Ce tableau mérite, me semble-t-il, une attention toute particulière. On le doit à Chagall. Est-ce l'inhabituelle prédominance du gris ou ce nu si charnel, je n'aurais certainement pas attribué ce tableau au maître du chromatisme onirique. Mais la vraie singularité de cette œuvre réside tout entière dans l'opposition entre la lourdeur de ce corps endormi et l'état d'apesanteur dans lequel il est représenté.


Nu au-dessus de Vitebsk, 1933


A priori, rien d'immatériel dans la chair de cette dormeuse callipyge : elle est à l'opposé de la désincarnation. C'est bien le dernier corps qu'on imagine lévitant. Et quelle lévitation ! Le mouvement du drap mérite d'être examiné. Loin de faire socle, un peu comme un tapis volant transporterait sa belle (Cf. photographie ci-dessous), il lévite aussi, verticalement, épousant le flanc de la dormeuse. On ne sait si c'est elle qui le pousse au rythme de son élévation somnambulique ou s'il est animé de mouvements aléatoires à l'image des objets en gravité zéro. Revenons au sommeil. Nu au-dessus de Vitebsk en résume admirablement l’ambiguïté : corps lourd et immatérialité du songe. Coup de chapeau à celle ou celui qui a trouvé le nom de l'exposition (Musée d’art et d’industrie de Roubaix) où cette œuvre était montrée : L'épaisseur des rêves. Versus l'immatérialité de l'homme selon Shakespeare. 

Sur un matelas de nuages


Sources : http://ma-voie-litteraire.onisep.fr/ 
(informations sur l'exposition Chagall à Roubaix)
http://www.ina.fr/contenus-editoriaux/articles-editoriaux/les-reves (photographie)


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