Songe d'une nuit d'été, 1939
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Depuis quelques jours, Diane me tire amicalement par la manche. "Tu n'as rien à dire sur Chagall ? (avant d'ajouter, fine mouche) Tout flotte chez lui, tu vas te régaler." Chagall est, par excellence, l'artiste dont on reconnaît une toile jamais vue auparavant, tant son style est unique. Je m'aperçois néanmoins que je connais mal son travail. Voici l'occasion de combler une de mes innombrables lacunes. Question d'adoucir la transition entre les sombres prophéties de Prospero et l'univers féérique de Chagall, je publie d'abord une toile d'inspiration shakespearienne : Titania, la reine des fées, y enlace tendrement l'homme à tête d'âne dont un sortilège l'a fait tomber amoureuse.
Le Cheval rouge. 1938 |
Une seule toile de Chagall s'intitule Le Rêve. Elle représente une femme, plongée dans un sommeil profond et portée, nue, à dos d'âne, à travers la nuit indigo. L'animal, créature fantastique dotée d'oreilles de lapin et d'un pelage violet, est solidement campé sur ses pattes. Il se dégage de l'ensemble une impression de stabilité. J'allais ajouter "de terre ferme" si ce n'est que l'âne-lapin parcourt la voûte céleste. La lune se lève en bas du tableau et le sol, jaune citron, apparaît en haut de la toile où il a pris la place du ciel. Cette version du rêve nous parle d'un monde inversé où le dormeur évolue les pieds posés sur les étoiles.
Le Rêve, 1924 |
Marc Chagall (1887-1985) est considéré comme un des peintres déterminants du XXème siècle, au même titre que Picasso. J'avoue avoir été surprise par cette assertion. Quoiqu'il en soit, je laisse la parole à une bloggeuse qui, sous le pseudo de Catherine, publie sur le web magazine Ecolo Info et dont le texte dépasse en érudition tout ce que je pourrais ajouter.
Le rêve, le sacré, la menace et le deuil sont les sources d’inspiration d’une œuvre affranchie des diktats de l’art du début XXème lesquels rejetaient l’allégorie et le narratif. A contrario d’autres artistes, cubistes ou futuristes, dont il comprend et utilise les cheminements, pour exister dans l’Art, Chagall a eu besoin de transgresser « une limite intime » et de se poser la question de son identité. Par la pratique assidue de l’autoportrait et de la subjectivité, il met en scène des personnages exclus de l’art moderne : anges, couples d’amoureux, scènes de villages, illustration de la Bible… Une cacophonie organisée, sans souci des lois de la gravité. Chagall fait voler ses personnages, dans un bonheur radieux. Ses couleurs vives et chatoyantes confèrent à son œuvre ce caractère joyeux et onirique qui la caractéristique.
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