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Jean de Bologne, vers 1580 |
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Lyre antique grecque reconstituée par Annie Bélis (CNRS) |
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Orphée charme les animaux, mosaïque romaine, vers 225 |
Vint au monde Orphée. Né des amours d'un demi-dieu et de Calliope, le garçon montre très tôt des talents exceptionnels pour la poésie et le chant. Instruit et parrainé par Apollon, il reçoit des mains du dieu la lyre d'Hermès à laquelle il ajoute deux cordes (ainsi portées au chiffre de 9, en hommage aux neuf Muses). Son art tient du prodige : aux sons mêlés de sa voix et de la lyre, Orphée envoûte hommes, animaux, rochers et montagnes. Il épouse Eurydice mais, le jour-même des noces, la morsure d'un serpent envoie la jeune femme au royaume des morts. Orphée décide de descendre aux Enfers et d'en ramener sa femme.
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Jules-Elie Delaunay, Orphée et Eurydice, grand foyer de l'Opéra de Paris, vers 1874 |
Armé de sa seule lyre, il affronte le passeur Charon, le monstrueux Cerbère, traverse le Tartare où errent les âmes en peine et parvient jusqu'au trône d'Hadès. L'art d'Orphée est si puissant que les divinités souterraines accèdent à sa demande : il est autorisé à repartir avec son aimée, à la seule condition de faire le chemin sans jamais la regarder tant qu'elle appartient au royaume des morts. Par méprise (il vient de faire son premier pas à la lumière du jour), Orphée enfreint trop tôt la règle, se retourne et Eurydice, encore dans les ombres, lui est arrachée cette fois-ci, à jamais.
Accablé de douleur, Orphée sombre dans un interminable deuil et reste fidèle au souvenir d'Euridyce. Croisant un jour un groupe de Ménades, le poète est attaqué par ces femmes qui, en proie à l'hystérie collective, le tuent et le dépècent. La légende veut que la tête qu'elles avaient arrachée puis jetée à la mer, soit remontée en chantant jusqu'à l'île de Lesbos, terre de poésie. Les Muses ensevelissent Orphée au pied de l'Olympe. Apollon, quant à lui, reprit la lyre et la mit au ciel. Elle deviendra constellation que l'on sait.
Le mythe d'Orphée est, on le voit, des plus sombres. Il est aussi des plus fondamentaux. Il fut prolongé par plusieurs légendes et alla jusqu'à engendrer, au VIème siècle avant J.C, un courant religieux hautement ésotérique -l'orphisme- qui influença entre autre Pythagore et Platon. Les artistes, de leur côté, ne pouvaient que recevoir fortement cette histoire où poésie, chant et mort s'articulent en une métaphore édifiante sur l'art. Peintres, compositeurs, poètes, dramaturges et cinéastes en ont fait d'innombrables représentations, interprétations et transpositions.
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Lamentations d'Orphée, Alexandre Séon, 1896 |
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La Tête d'Orphée (détail) Gustave Moreau, 1865 |
Sources : http://mythologica.fr/grec/hermes.htm
http://mythologica.fr/grec/orphee.htm
http://fleche.org/lutece/expo/orphisme.html (synthèse sur l'orphisme)
http://leslettresdevictor.weebly.com/orpheacutee-et-euridyce.html
Oui, c'est gore la mythologie...
RépondreSupprimerEt encore..., je vous ai épargné la fin de l'histoire de Marcyas (le satyre qui ramassa la flûte jetée par Athéna) : il eut l'affront de provoquer Apollon en un duel musical (flûte contre lyre) et y perdit plus que son pari. Apollon (très mauvais ...gagnant) le fit écorcher vif.
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