dimanche 24 novembre 2013

L'ascenseur, l'apesanteur et l'éros


Je m'étais bien promis d'aller voir si les chansons célébraient l'apesanteur. Je n'en connaissais aucune mais Google me renvoie en 2 clics sur En apesanteur (2002) d'un certain Calogero. Je file sur Youtube. Rien de très transcendant : une et un inconnus montent dans le même ascenseur ; elle est belle ; il tombe immédiatement amoureux ; l'ascenseur (promiscuité, ascension...) accélère le fantasme. 




Le texte d'Alana Filippi joue sur la métaphore amour/élévation (Et sa voix me fait quitter la terre ferme) et amour/ciel (Je suis en tête-à-tête avec un ange). Comme le montrent les saisies d'écran ci-dessous, le clip a misé sur un visuel très odyssée de l'espace. Décors futuriste, buildings luminescents, éclairages violents, architecture verticale de science-fiction : l'ascenseur est une base de lancement d'où on décolle en direction des astres. C'est l'apesanteur cosmique. Nous verrons plus tard qu'elle est riche en connotations sexuelles.


Et si on grimpait de quelques étages, côté talent et poésie ?


Dans le film d'Yvan Attal Ils se marièrent et eurent beaucoup d’enfants (2004), l’héroïne (Charlotte Gainsbourg) succombe au charme d'un presque inconnu (Johnny Depp), dans un ascenseur. La scène dure 3 mn 49, le temps nécessaire pour donner à voir une métamor-phose. Un bon vieux Roux-Combaluzier se change en cabine volante vitrée. Deux êtres passent de la platitude quotidienne à l'incandescence. L'espace-temps bascule d'un immeuble parisien à un ciel idéal. On quitte le monde du bas (celui où il faut la force mécanique des poulies et contrepoids pour lutter contre la pesanteur) pour accéder au monde du haut où flotter est aussi naturel qu'aimer. Féérie de l'apesanteur amoureuse.


Une employée d'agence immobilière et un client. 
L'ascenseur n'est que le moyen d'arriver au bon étage. 


La montée en ascenseur est la métaphore du désir.
Plus de cage d'escalier mais un azur d'image d'Epinal.


Le face à face, prélude au baiser.
L'ascenseur est une nacelle 
au ciel. Gravité abolie.


Photos tirées de http://deppfan.freeforums.org/

La scène baigne dans une poésie kitch, soulignée par une musique désuète et un poil grandiloquente. Des décalages esthétiques donnent à la scène un caractère onirique. Le résultat se situe entre le conte fantastique et le conte de fée. Jugez-en par vous-mêmes !




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